Thursday, September 8, 2016

Protocole d’interview Dr Antoine De Padoue Ndemmanu Réaction sur la présidentielle au Gabon.



Protocole d'interview
Ericien Pascal Nguiamba.B. de yaoundeinfo.com


Protocole d’interview
Dr Antoine De Padoue Ndemmanu
Réaction sur la présidentielle au Gabon.

1-   Dr Ndemmanu bonjour, le Gabon vient d’organiser une élection présidentielle sanctionnée par la victoire du président sortant Ali Ben Bongo Ondimba. Quel commentaire à chaud sur ce processus électoral ?

Toutes nos félicitations pour cette performance démocratique, qui déconnote une maturité du peuple gabonais et un apprentissage des erreurs du passé, voire des autres. La perfection n’est pas de ce monde et la démocratie gabonaise, qui est encore très jeune suit un processus d’élévation à partir de la pratique, nous pouvons espérer qu’avec deux à trois autres générations en plus la démocratie gabonaise voire africaine vivrait des élections de plus en plus libres et démocratiquement soutenues. S’il a fallu plus de deux à trois cent ans à certains pays pour atteindre une telle maturité politique et démocratique, le Gabon et la majorité des pays africains bénéficient et héritent de ceux qui ne sont plus des cobails, mais des modèles de modernité et de développement durable en phase avec leur destin. Cinquante six (56) ans et bientôt soixante (60) ans le Gabon, comme la plus part des États africains, se cherche et ne manquera de se trouver ; car de leurs erreurs, il apprendra à mieux faire et il a la capacité d’adoption et d’assimilation défiant tous les pronostics.

Le taux de croissance de la maîtrise de la gnose et de la science ainsi que de l’administration de son territoire laissent entrevoir un vrai espoir pour un Gabon, une Afrique qui a pris conscience de son devenir et qui se bat pour un rebond salutaire pour les générations futures.    


2-    Le candidat de l’opposition Jean Ping revendique la victoire à cette élection. Comment qualifiez-vous cette réaction du candidat Jean Ping ?

Mauvais perdant, dirai-je ! En politique, il faut savoir perdre et ne pas seulement gagner à tous les prix. Le candidat de l’opposition gabonaise doit se dire qu’il a servi et qu’il continuera à servir au mieux les intérêts de la démocratie gabonaise en acceptant le verdict des urnes et surtout se dire qu’en réalisant presque le même score que le Président élu, il est devenu un partenaire et un consultant incontournable pour le Président élu, qui ne saurait ignorer l’expression de presque la moitié de la population gabonaise à travers sa personne. Face à la vigueur du Président sortant, le candidat de l’opposition bien que nanti d’une forte expérience, doit encore se contenter d’être le partenaire et consultant de l’exécutif élu tout en restant constructif pour les échéances électorales à venir. Pour un vrai démocrate, le candidat Jean PING doit mieux se préparer pour les prochaines échéances électorales (législatives et municipales) en forgeant une opposition critique et constructive avec pour seul espoir d’améliorer le bien-être des presque 49% des Gabonais qui ont voté pour lui. Bien évidemment, le leader de l’opposition doit aussi démontrer par son engagement patriotique, qu’il est prêt et disposé à se lancer par des primaires au sein de son parti afin de désigner le candidat de la prochaine campagne électorale.


3-    L’union Européenne a demandé que les votes soient recomptés et a observé des manquements. Quel commentaire faites-vous de cette réaction de l’Union Européenne ?

L’union Européenne est invitée et observatrice, cette posture ne lui donne pas des droits de souveraineté, seuls les tribunaux gabonais, à la demande expresse d’un candidat ou d’un parti politique légalement autorisé et présent à l’Assemblée nationale gabonaise, à ce que nous sachions, peut et a le droit  de demander une telle procédure. L’union Européenne doit savoir que la non-ingérence dans les affaires du Gabon est un droit inaltérable.

L’union Européenne ne saurait se prévaloir un droit d’exception pour des raisons inavouées. Elle est aussi très mal placée pour en juger étant donné les Accords de partenariat économique (APE) qu’elle conduit en Afrique et pour lesquels le Gabon n’a pas encore marqué son accord. La balance commerciale (L’export et l’Import) entre nos pays et l’union Européenne nous affiche des déficits croissants et exponentiels depuis plus de cinquante six (56) ans, situation d’autant alarmante pour le devenir de nos économies que l’Afrique subit le contre poids d’une monnaie injuste, non motivée et financièrement démesurée,
(1Euro = 655,957Fcfa soit : 6+5+5+9+5+7=3+7=1+0 = 1Fcfa).

En fait, la France, n’a pas su consolider ses liens avec les peuples africains car au moment où elle lançait ses grands chantiers en Ile-de-France (St Denis, Villeneuve la garenne, Epinay-sur-Seine, St Christophe, Noisy-le-Grand, Pontoise, etc.), elle aurait suggéré, comme premier partenaire du développement des pays francophiles d’Afrique, un « Plan Marshall » pour la construction tous azimuts des villes des pays d’Afrique auprès des institutions de Brettons Woods et de la Banque Mondiale avec la garantie nécessaire d’une bonne faisabilité à l’instar des financements accordés par l’union Européenne pour la construction de l’Espagne ou du Portugal.

L’Afrique ne doit plus être victime de turlupinades des politiciens européens et d’autres puissances d’intérêts économiques. L’Afrique a besoin de s’affirmer et de mener à bien son développement dans le souci d’une vraie modernité. L’Afrique a la chance de voir venir les nouvelles les avancées technologiques et de chercher à  s’en approprier afin de mieux s’en servir.

4-   On a observé des affrontements entre manifestants et forces de l’ordre à Libreville suite à la proclamation de la victoire d’Ali Bongo. Condamnez-vous aussi ces affrontements ?

La violence et la démocratique font souvent très mauvais ménage. Les manifestations publiques doivent se faire dans l’ordre et le calme avec pour but de passer  un message ou de réclamer pour leur droit bafoué. Toute autre forme de manifestation, fruit d’une manipulation dans le but de faire imposer un candidat qui a perdu une compétition ne peut recevoir notre assentiment, d’où notre condamnation sans appel desdits affrontements !

5-   Quelles leçons les pays de la Sous-région, notamment le Cameroun, peuvent tirer de cette élection ?

Tout d’abord, nous devons dire, que comparaison n’est pas raison ! Tenez ! le Gabon, pays d’Afrique équatoriale avec 268 000Km² de superficie, devenu indépendant en 1960 avec pour tout premier président le feu Léon M’BA (1961-1967) ensuite pour second président le feu Omar Ondimba BONGO (1967-2012) et pour troisième président S.E.M. Ali Ondimba BONGO présente comme pour chaque pays d’Afrique, une situation exceptionnelle et unique. S’il ya certes des leçons à tirer de cette élection par rapport au Cameroun, c’est bien évidemment la constance et la tolérance, le vivre ensemble malgré leurs différences. Tout ce que les Gabonais ont eu à supporter et à vivre tout au long de la campagne électorale, nonobstant les accusations de non légitimité ou de non légalité des deux (02) candidats par rapport à la « gabonité » comme hier de l’ivoirité, nous laisse entrevoir une lueur d’espoir quant à une éventuelle réconciliation du peuple gabonais.

Par contre, il y a aussi des leçons à faire pour un meilleur déroulement des prochaines échéances électorales au Gabon, à savoir : l’instauration d’un CODE DE BONNE CONDUITE à chaque élection pour s’assurer que les déclarations non autorisées ne viendront entacher le processus électoral et créer un doute sur la viabilité du processus électoral comme sur les résultats obtenus.

Enfin, le Cameroun, qui n’a encore connu que deux présidents depuis son accession à l’indépendance va certainement connaître depuis plus de cinquante six (56) ans son troisième président et à la différence du Gabon n’a jamais été un héritage de père en fils mais le fruit du souci de l’exécutif camerounais de s’assurer une bonne continuité dans le respect du maintien de la paix.

6-   Vous à la place d’Ali Bongo, nouveau vainqueur, quelle serait votre premier acte fort pour réconcilier tous les Gabonais ?

Tout d’abord, nous devons dire encore une fois toutes nos félicitations au vainqueur et au vaincu pour leur participation au processus électoral et démocratique gabonais. Les élections derrière, il est venu le temps de la mise en application du programme politique, plate forme, qui a permis la réélection du Président sortant. Il n’est pas question d’improviser mais d’être conséquent.

Le Gabon comme le Cameroun sont à la croisée des chemins et il urge de se mettre ensemble pour défendre nos droits à jouir pleinement du fruit de notre dur labeur. Le manque à gagner de l’exploitation abusive des nombreuses ressources minières dont regorge le Gabon (Bois, Uranium, Manganèse, Pétrole, etc.) est d’un enjeu capital pour permettre au nouveau Président élu de disposer de toutes les ressources nécessaires pour une vraie réconciliation nationale de tous les gabonais.

Les besoins d’un Gabon nouveau, d’un Gabon du changement sont nombreux et sont les mêmes partout ailleurs dans le continent noir africain ; il s’agit des Infrastructures (concevoir, développer et appliquer un plan d’occupation de l’espace environnemental et géographique de nos cités actuelles), de l’Éducation (réformer le système éducatif actuel pour une plus grande prise en compte de la nécessité d’intégration de nos cultures locales respectives), le Respect des droits de l’homme (les droits universels de l’homme sont indispensables à la bonne conduite et à la bonne marche de nos jeunes démocraties). Il faut tout simplement que nous parvenions à commercialiser et à vendre et non plus faire commercialiser et faire vendre, par des courtisans, nos ressources minières et naturelles après une mise en transformation locale pour une meilleure valeur ajoutée voire une plus value desdites ressources.

En fait, l’Afrique n’est pas pauvre, mais ne dispose pas d’infrastructures lui permettant de jouer dans la cour des grands, à savoir faire des transactions directement avec les clients depuis la bourse de Londres (Angleterre).


7-   Quelle attitude devrait adopter le candidat de l’opposition, Jean Ping aujourd’hui ?

L’attitude d’un bon perdant, d’un vrai démocrate, d’un opposant à la critique constructive pour un débat de réconciliation nationale. Le Candidat de l’opposition qui s’est illustré comme un poids lourd face au rouleau compresseur d’un système systémique et qui subit le destin de l’usure et de la routine, du besoin légitime d’un changement que doit connaître l’immobilisme politique. Et pour que l’histoire retienne de lui, l’image d’un vrai démocrate, d’un patriote et d’un nationaliste constant et intègre.

8-   Monsieur le Président, on a observé que cette présidentielle gabonaise a beaucoup intéressé les Camerounais : populations, journalistes, politiques etc. Qu’est ce qui peut expliquer un tel intérêt pour cette élection présidentielle gabonaise ?

Le Cameroun est l’Afrique en miniature dit-on le plus souvent ! Le Cameroun est une terre d’hospitalité, une terre d’accueil et aussi bien les élections ivoiriennes que celles du Mali et du Gabon sont aussi et si ce n’est d’un intérêt capital pour les camerounais, qui éprouvent encore une fois de plus et à travers cette manifestation d’intérêt, leur attachement aux États-Unis d’Afrique, à la culture et aux valeurs africaines, à une Afrique unie et forte, qui a retrouvé le chemin de la croissance et de l’espoir pour le bien-être de tous ses enfants.

Que Dieu bénisse les Gabonais et le Gabon ! Que Dieu bénisse les Africains et l’Afrique ! Amen !

Yaoundeinfo.com vous remercie pour votre disponibilité Monsieur le Président.